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Article co-écrit avec Stéphanie ROY, Orthophoniste et co-auteur des 2 outils “Dialogoris 0/4 ans” et “Dialogoris 0/4 ans orthophoniste”.
La commission « Les 1000 premiers jours, là où tout commence »*, dirigée par le neuropsychiatre Boris Cyrulnik*, a permis d’identifier les facteurs favorables au développement de l’enfant et des leviers pour renforcer l’accompagnement de son entourage, notamment de ses parents.
Ce rapport souligne combien cette période, allant de la conception aux deux ans révolus de l’enfant, est déterminante pour son avenir. En France, la prise en compte de cette phase de vie est désormais une priorité de santé publique. Cette dernière met en avant la nécessité d’offrir à chaque enfant un cadre bienveillant, un suivi attentif et un dépistage précoce d’éventuels troubles du neurodéveloppement.
Les recherches en neurosciences et en psychologie du développement* ont montré que les expériences vécues durant ces 1000 premiers jours exercent une influence durable sur la santé physique, mentale et émotionnelle de l’enfant. Son cerveau est particulièrement plastique au cours des premières années de vie. Les interactions avec ses parents et son environnement, les stimulations sensorielles, motrices, langagières façonnent son développement cognitif et conditionnent son futur.
Un environnement stable et riche en interactions joue un rôle clé dans l’apprentissage et l’évolution de l’enfant. Les échanges non-verbaux et verbaux, ainsi que la qualité des soins influencent directement son développement, l’acquisition de compétences-socles (exemple du pointage : bébé pointe du doigt pour demander et montrer à son entourage ce qui l’intéresse) et des compétences fondamentales comme le langage, la motricité, la régulation des émotions et le raisonnement.
L’augmentation de la vulnérabilité psycho-socio-culturelle en France (précarité, carences affectives, mauvaise maitrise de la langue française…), et la mauvaise utilisation des écrans (surexposition et technoférence) font partie des facteurs aggravants désormais reconnus.
L’un des défis majeurs des 1000 premiers jours est d’identifier, le plus tôt possible, les signes laissant suspecter des difficultés ou un trouble du neurodéveloppement. Plus une situation à risque sera identifiée tôt, plus un trouble sera détecté tôt et plus les interventions seront efficaces pour limiter son impact sur la vie familiale, sociale et scolaire de l’enfant.
Certaines situations familiales représentent un risque pour le développement du bébé. La prévention grâce à un accompagnement précoce et adapté permet de limiter les répercussions négatives.
Le dépistage précoce permet d’intervenir avant que les difficultés ne s’installent durablement. Des troubles impactant le langage, l’oralité alimentaire ou encore les difficultés de communication peuvent être pris en charge dès le plus jeune âge. Les professionnels de santé et de la petite enfance (médecins, pédiatres, orthophonistes) jouent un rôle clé dans le repérage des signes d’alerte et l’orientation vers un accompagnement adapté.
Malheureusement, le manque de professionnels pour des accompagnements et des prises en soin précoces et adaptés est de plus en plus fréquent dans nos villes et villages.
Depuis 2021, le Gouvernement s’est donné 5 objectifs prioritaires associés à des propositions et des actions concrètes pour favoriser la mise en place d’un environnement favorable pour le bon développement de l’enfant :
Mise en place d’une campagne d’informations qui s’appuie sur différents supports : un site internet et une application mobile dédiée aux 1000 premiers jours, mais également un « livret de nos 1000 premiers jours » relayée auprès des parents.
Une vaste campagne d’information intitulée « Devenir parent, c’est aussi se poser des questions », est également émise à grande échelle par Santé publique France.
Création d’un parcours sécurisant et favorisant l’écoute des parents (espace de dialogue, accompagnement continu de la grossesse au post-partum, visites de santé obligatoires avec entretien…), permettant de limiter l’isolement et prévenir l’épuisement parental.
Meilleure prise en charge des enfants prématurés et soutien de leurs parents pour favoriser le développement de l’enfant et favoriser les interactions précoces parents-enfants.
Meilleure identification des dépressions périnatales et des troubles psychiques sévères des parents.
Soutien adapté aux parents en situation de handicap grâce au déploiement du SAPPH (Service d’accompagnement à la parentalité des personnes en situation de handicap).
Repérage renforcé des situations de violences conjugales.
Augmentation de la durée du congé paternité porté à 25 jours.
Construction d’espaces d’accueil spécifiques comme la Maison des 1000 jours.
Création d’un centre national d’évaluation des pratiques (sur le modèle de la HAS mais dédié aux 1000 jours) avec un conseil scientifique de chercheurs / universitaires et un comité consultatif ouvert aux familles et aux professionnels de la petite enfance.
Partage d’un socle de connaissances commun, actualisé et scientifiquement valide sur les éléments clés du développement socio-affectif et cognitif du très jeune enfant en limitant les informations contradictoires et permettant une approche et un accompagnement des familles cohérents.
Communication harmonisée des professionnels intervenant lors des 1000 premiers jours.
Dialogoris 0/4 ans a été conçu avec et pour des professionnels de la santé et de la petite enfance autour de la problématique de la communication et du langage du jeune enfant avec 4 objectifs :
🟠 La promotion des comportements porteurs (lien petit article source)
🟠 La prévention des développements déficitaires
🟠 Le dépistage des risques pour le développement de la communication et du langage.
🟠 Le soutien à la parentalité en intégrant dès la 1er rencontre ce sujet crucial.
Cet outil peut donc aider les professionnels à répondre à certaines de ces recommandations en co-construisant avec les parents des accompagnements adaptés.
Les parents jouent un rôle central dans le développement de leur enfant mais certaines d’entre eux en sont-ils conscients ? Différents objectifs doivent retenir l’attention des professionnels lors de leurs observations / rencontres avec les familles.
Un bébé a besoin d’attention, de réconfort et d’amour pour bien grandir. Les câlins, les regards bienveillants, les sourires, les interactions verbales, les encouragements, contribuent à son bien-être et à sa confiance en lui.
En observent les interactions parents / enfants, en dialoguant avec les parents au sujet des petites réactions de leur bébé et les valorisant.
Le professionnel pourra être modèle de comportements en lui souriant, en lui parlant, en le valorisant. Les parents en constatant les réactions de leur bébé, pourront plus facilement se saisir de ces savoir être.
Parler, chanter des petites comptines, lire des histoires et commenter les actions du quotidien aident l’enfant à développer son langage et sa compréhension du monde.
Certains parents ne sont pas conscients de l’importance de toutes ces interactions car ils n’ont peut-être pas eu la chance de les vivres eux-mêmes. Combien de fois avons-nous entendu dans nos consultations : « ça ne sert à rien de lui parler, il ne comprend pas ».
Les professionnels en les informant et les orientant vers des lieux dédiés, permettront aux parents d’expérimenter et de se rendre compte de tout l’intérêt de parler à leur enfant.
Les parents plurilingues ont tout intérêt à maintenir leur langue première, s’ils le choisissent, pour échanger facilement avec leur enfant dans toutes les situations de la vie. Ils pourront ainsi lui donner un modèle linguistique robuste et adapté pour faciliter l’apprentissage d’une seconde langue.
Les professionnels en les soutenant et en leur montrant l’intérêt de mettre l’enfant en contact avec des interlocuteurs français (crèche, parc, amis..) aident la mise en place d’un bilinguisme le plus équilibré possible.
Laisser l’enfant explorer son environnement, manipuler des objets, jouer et interagir avec son corps favorise son développement psychomoteur, ses perceptions du monde et à terme son raisonnement donc son développement global.
Le jeu est pour l’enfant le moyen privilégié pour découvrir, comprendre, apprendre et interagir avec le monde qui l’entoure. Grâce à l’expérimentation qu’il permet (ex : jouer aux cubes développe des capacités motrices et spatiales mais permet également de poser des questions, de faire des demandes, …) et à la répétition qu’il occasionne (j’imite ce que l’on me propose, je propose, je me trompe et je recommence en m’améliorant…) le jeu permet la construction de concepts essentiels et le développement des capacités motrices, langagières, cognitives et émotionnelles.
Tous les moments de vie du bébé et du petit enfant peuvent être prétexte à jouer et donc à apprendre. Mais jouer n’est pas si simple ni évident pour certains parents. Certains d’entre eux n’ont pas joué étant enfants eux-mêmes et ont besoin d’expérimenter et d’être accompagnés activement pour être en « capacité de jouer » avec leur enfant.
Les temps de jeu peuvent se faire autour de jouets, de livres, de comptines mais également lors de beaucoup de temps de vie qui peuvent être prétextes à jouer : temps de change, de repas, de bain, du coucher…
Être attentif aux progrès de l’enfant et consulter un professionnel en cas de doute permet d’agir rapidement en cas d’inquiétude ou de suspicion de trouble. Cf : notre article dédié sur le sujet
De nombreux lieux ressources sont accessibles librement et proposent de nombreuses activités pour favoriser les échanges entre parents et stimuler les enfants : La maison des 1000 jours, Ludothèques, LAPE (Lieux d’accueil enfants-parents ) …
Les équipes de PMI peuvent également proposer des lieux d’écoute et des accompagnements pour les familles.
Les 1000 premiers jours de vie sont une période décisive qui influence la trajectoire future de chaque enfant. En France, la reconnaissance de cette phase comme une priorité de santé publique a permis d’objectiver des facteurs de risques, de protection, et de mettre en place des dispositifs de soutien pour prévenir d’éventuelles difficultés.
Un accompagnement renforcé des familles grâce à des actions de prévention et un dépistage précoce des troubles, permet d’optimiser le bien-être de l’enfant, son développement au sein de son entourage et plus tard ses apprentissages.
Il est essentiel que les professionnels partagent un socle de connaissances commun, actualisé et scientifiquement validé, pour garantir un accompagnement cohérent. Grâce à des outils comme Dialogoris 0/4 ans, les professionnels disposent de ressources efficaces pour guider les parents sur les questions cruciales de la communication et du langage.
En mobilisant l’ensemble des acteurs, nous pouvons offrir à chaque enfant un cadre propice à son épanouissement et à son avenir.